Bibliomania : livres en cours

dimanche 31 octobre 2010

L'orange mécanique

Catégorie: roman
Genre: littérature contemporaine
Auteur: Anthony Burgess 
Année de publication: 1962
Edition: Pocket
Année d'édition: 1994


L’Auteur :

Né en 1917 à Manchester, Anthony Burgess a étudié la linguistique et la littérature avant de servir dans l’armée de 1940 à 1946. Enseignant en Angleterre et en Malaisie, Burgess a d’abord été compositeur. Auteur de deux symphonies, de sonates et de concertos, il ne se tourne que tardivement vers l’écriture : en 1956, sa vie en Malaisie lui inspire une trilogie satirique sur le colonialisme. Quand, en 1959, les médecins croient lui découvrir une tumeur au cerveau, la carrière littéraire de Burgess s’accélère : en une année, il publie cinq romans et gardera toujours un rythme d’écriture très soutenu. On lui doit plusieurs volumes de critique littéraire, divers essais sur Joyce et Shakespeare, des articles de journaux et une vingtaine de romans souvent cruels et caustiques comme L’orange mécanique, son chef-d’œuvre magistralement adapté au cinéma en 1971 par Stanley Kubrick, ainsi que Le testament de l’orange et L’homme de Nazareth.
Burgess meurt en 1983, laissant une œuvre originale où contestation violente et conservatisme s’entremêlent avec brio.

Résumé de quatrième de couverture :

Le décor inquiétant de cette fable anti-utopique, nous le connaissons bien : c'est celui de la banlieue concentrationnaire qui va recouvrir peu à peu la surface habitable de la planète.
Une immense zone urbaine d'ennui, de désolation et de peur. Sur ce monde déshumanisé et ses habitants asservis, Alex, le voyou au charme pervers féru de musique classique et de langues anciennes, entend régner par la violence et la terreur. A la fois tête de sa horde adolescente, il matraque, viole, brûle, torture, et s'acharne à détruire une société programmée pour le bonheur et le progrès. Archange du Mal à l'état pur, il hante à jamais les pages cruelles de cet inoubliable thriller métaphysique.

Mon avis :

Orange Mécanique, pour moi, c’était avant tout l’inoubliable film de Stanley Kubrick. Alex, c’était Malcolm McDowell avec costume blanc improbable, chapeau melon et faux cils, et son air de faux angelot insolent et ultraviolent. Et comme pour tous les films qui me marquent, et qui placent la barre très haut, quand ils sont adaptés d’œuvres littéraires j’ai toujours une certaine appréhension au moment de m’aventurer dans le livre, redoutant la déception.
Mais mes craintes étaient tout à fait infondées avec L’orange mécanique. D’abord, j’ai été frappée par la fidélité du scénario du film à la trame originale du livre. J’ai revécu le film, presque scène par scène, d’une manière assez saisissante. Il y a des différences quand-même, et pas si minimes que ça, et surtout des différences qui ont du sens. La fin, surtout, est différente, plus ouverte dans le film, car elle ignore le dernier chapitre du livre.

Bon, mais de quoi ça parle tout ça, au fait ?

Dans une société plus ou moins autoritariste, le jeune Alex a deux plaisirs : la musique classique et la violence sous toutes ses formes. Il passe ses nuits en compagnie de ses drougs (comprendre « amis ») à voler, rosser, violer en toute impunité, jusqu’au jour où il se fait trahir et se retrouve en prison. Là, il apprend l’existence d’un traitement capable de lui rendre la liberté en une quinzaine de jours : le traitement Ludovico. Alors le drame commence…

Les principaux thèmes de L’orange mécanique sont la violence, le bien et le mal, et surtout la question du libre arbitre. Dans cette fable au ton plus que mordant, on suit les aventures de « Notre très Humble Narrateur » qui nous raconte son parcours dans le détail, sur un ton complice, en Nadsat, la langue de la jeune génération, mélange principalement de russe et d’anglais, et qui forme un dialecte fleuri et hautement savoureux.
La violence, dans L’orange mécanique, ce n’est pas seulement la violence brute d’Alex. C’est aussi la violence d’une société qui soumet et frustre les individus. C’est la violence des individus qui déversent cette frustration de diverses manières, et notamment la jeune génération qui rejette en bloc le monde des adultes. Enfin c’est la violence de l’institution qui répond à cette révolte individuelle par l’oppression. Tout cela forme un système dysfonctionnel qui génère et exacerbe la violence au lieu de la combattre. Tout le monde en prend pour son grade, aussi bien les parents ouvriers d’Alex, complètement soumis et passifs, que les politiciens, les institutions, la police, et les intellectuels de l’opposition qui ne sont pas en reste en matière de méthodes douteuses et brutales.
Au milieu de tout cela, Alex, le jeune démon à la bouille d’ange, qui a moins de quinze ans quand il écume la ville avec ses drougs, présente un curieux mélange de raffinement et de sauvagerie ; il est odieux, mais sympathique ; vicieux, mais naïf. Et c’est à travers ses yeux qu’on le voit passer de main en main, chacun tentant de le manipuler pour en tirer profit, lui-même ne souhaitant qu’une chose : s’adonner à la jouissance en toute liberté.
Mais cette liberté est sérieusement mise à mal par le traitement Ludovico, qui le transforme en agneau inoffensif, et lui rend la musique qu’il chérissait tant mortellement insupportable. En effet, pour Alex, aussi bien en terme de plaisir que de souffrance, la musique classique est indissociable de la violence. Remis en liberté, c’est-à-dire livré à lui-même dans le vaste monde, Alex va être systématiquement confronté à ceux à qui il a fait tort, désormais incapable de rendre les coups ou même de se défendre. De bourreau, il devient victime, individu complètement inadapté à son environnement hostile, transformé en « orange mécanique » privée de libre-arbitre.

En conclusion, on peut dire que c’est un récit court (à peine plus de 200 pages) mais dense, qui pose de vraies questions et demande une certaine prise de recul de la part du lecteur. Et il faut également saluer le travail de l’auteur sur la langue (je l’ai lu en français, mais on sent que les traducteurs se sont bien amusés !). Au final, une expérience très stimulante, qui me donne une envie furieuse de revoir le film, O mes frères !

vendredi 29 octobre 2010

Un Nouvel anime pour Berserk!

Petit topo :

Dans le courant de l’été 2009, la propagation de mystérieuses images sur la toile a mis en émoi la communauté des fans du meilleur manga de l’univers et de tous les temps (n’ayons pas peur des mots^^) :




(merci à ZoddGuts et SK.net pour ces images !!!)

Je vous ferai grâce des détails concernant les débats enflammés qui suivirent cette diffusion, et me contenterai de l’essentiel : la rumeur voulait que ces images proviennent du studio 4°c, un grand studio d’animation japonais. Mais comme on ne recevait aucune confirmation de la part du studio, et qu’à part l’existence de ces images, on n’avait aucune info solide, lesdites images ont fini par être estampillées « fake », et les multiples hypothèses avancées tombèrent dans les limbes des archives de blogs et de forums, pour, semblait-il, n’en jamais ressortir… Jusqu’à fin septembre 2010 (presque mon anniversaire !), où une annonce officielle bouleversa pour de bon tout ce petit monde : en effet le tome 35 nouvellement sorti au Japon comportait un bandeau annonçant un nouveau projet d’animation.

Les vidéos :


Mais les fans n’étaient pas au bout de leurs émotions. En effet le terme « projet d’animation », très vague, pouvait signifier plein de choses : série, film, court-métrage (cette dernière hypothèse étant d’autant plus plausible que le studio 4°c est réputé pour produire des formats courts). Alors des fans ont commencé à très sérieusement s’inquiéter en découvrant ces vidéos promotionnelles pour le tome 35 :












Quôôôaa, s’exclamait-on, or donc, le fameux projet d’animation dûment confirmé, en gestation depuis plus d’un an, n’était-il destiné qu’à produire 5 pauvres petites vidéos de 15 secondes (et en plus avec les mêmes images réutilisées plusieurs fois) ??? En effet, de grosses maladresses en matière de communication laissaient les fans complètement dans le flou, malgré l’existence toute nouvelle d’un compte Twitter consacré à Berserk, la refonte du site web, et plusieurs sources officielles (Young Animal, Hakusensha et le studio) qui ne se décidaient pas à clarifier les choses pour les malheureux fans qui tanguaient entre euphorie totale et détresse extrême (non non, j’exagère pas !).

Miura-sensei soi-même accourut à la rescousse des fans inquiets en confirmant dans le magazine Young Animal que le nouvel anime « sera, pour ceux qui sont toujours au lycée, le premier anime Berserk » (ce qui donne au passage un sacré coup de vieux à ceux d’entre nous qui ont connu l’anime de 97, hein !)... Malheureusement on n’en sait toujours pas plus sur la forme que prendra cet anime.

Pourquoi c’est une bonne idée :


Je sais qu’il y en a un certain nombre, parmi les lecteurs, qui ont découvert Berserk avec l’anime, et/ou qui y sont attachés. Ce n’est pas mon cas, et même si j’admets que cet anime a certaines qualités, je lui trouve aussi beaucoup de défauts, et pour moi l’idée d’un nouvel anime est plutôt la bienvenue.

Quels sont ces défauts ?

Concernant l’esthétique, l’animation très pauvre et statique, et les dessins pas toujours top, sont les deux reproches que je lui ferai. Alors d’accord, 1997, c’est vieux, d’accord, il faut tenir compte du budget… Mais au final, c’est quand même frustrant, et même si j’ai bien conscience qu’un anime ne sera jamais à la hauteur du manga original, ça fait mal de voir un tel écart entre les deux.
Maintenant le plus important : le scénario. Malgré l’implication de Miura, malgré, il faut bien le reconnaître, une grande fidélité à l’histoire originale, j’ai pas mal de griefs contre le scénario de l’anime. Premièrement, et le moins grave finalement, l’anime se limite au cycle de l’Âge d’or, sauf pour le premier épisode qui équivaut à peu près au premier chapitre du manga (et se situe donc dans la période « guerrier noir » post-éclipse). C’est le moins grave parce que, compte-tenu de l’époque à laquelle la série est sortie, on ne pouvait guère faire autrement si on voulait qu’elle forme un tout cohérent (et fidèle à l’histoire d’origine).
Mais, et là j’entre dans mon deuxièmement, le dernier épisode se clôt de la pire manière possible, sur la pire scène possible, en laissant le spectateur traumatisé, interloqué, et complètement dans le noir, avec une tonne de questions importantes sans réponses. Le problème, c’est que trop d’éléments importants ont été évacués de l’anime, rendant impossible de fournir une conclusion satisfaisante. Résultat, on essaye vaguement de compenser en casant une ou deux lignes de dialogues (au passage complètement incohérentes avec la ligne scénaristique du manga, mais bon, passons), et en finissant sur un cliffhanger de la mort-qui-tue, qui condamne le spectateur soit à lire le manga (et ne rien comprendre s’il commence là où l’anime finit, parce qu’il aura loupé plein de trucs essentiels, et aura conçu certaines idées fausses), soit, s’il a trop la flemme de lire, d’attendre une saison 2 qui ne viendra jamais, soit de rester en état de choc sur son canapé (pas pendant quinze ans, espérons pour lui^^). Bref, tout ça peut se résumer simplement par : « Mais il est passé où le Cavalier Squelette, bordel de merde ?!?!? »
Et Skully (pardon pour ces familiarités) n’est pas le seul dont l’absence se fasse cruellement sentir : et Puck alors ? Sans lui, le premier épisode est franchement ennuyeux ! Et à sa place on nous dilate le personnage d’Adon en long, en large et en travers, au point d’en faire une indigestion (ce qui est dommage, parce qu’à la base c’est un personnage marquant et savoureux). Et Silat ? Et les Bakiraka ? Et Wyald ? Etait-il vraiment indispensable de les enlever, et de leur substituer… ben, rien ? Et le Comte n’a pas droit à son arc, alors qu’il est bien plus intéressant que l’homme-serpent du château de Koka !
Et là je me contente des personnages. Mais ça vaut aussi pour des pans entiers de l’histoire (qui ont pourtant une grande importance !!!) : des épisodes essentiels de l’enfance de Guts passent à la trappe, malgré leurs lourdes conséquences sur sa psyché et son développement personnel. La scène d’amour du tome 9, une des scènes les plus magnifiques et les plus émouvantes de Berserk (et aussi une scène essentielle, aussi bien en terme de character development qu’en terme de scénario), est bouclée en 3 images ( !!!). Et j’en passe.
Alors oui, je trouve qu’un nouvel anime, qui fasse table rase de celui-ci (d’ailleurs, comment faire autrement ?) est une bonne idée, si ça permet de combler de telles lacunes.
Et quand même, histoire de nuancer un peu mon jugement assez sévère sur ce pauvre vieil anime, je citerai ce qui, à mes yeux, constitue ses deux qualités majeures : la très belle musique de Susumu Hirasawa, que j’écoute d’ailleurs régulièrement en lisant Berserk, et les voix japonaises des personnages, que je trouve parfaitement convaincantes (à part celle de Guts enfant, qui a tendance à me taper sur les nerfs^^).

Pourquoi c’est une mauvaise idée :


Malheureusement, le fait qu’un nouvel anime se prépare ne signifie pas nécessairement que cet anime sera « bon ». Les maigres aperçus qu’on en a révèlent déjà quelques erreurs. L’esthétique choisie est discutable. Et certains détails laissent présager que, une fois encore (ah, tiens, un autre défaut du premier anime que j’avais oublié de mentionner ! :p Mais en fait ça rejoint les omissions dont je parlais précédemment), la censure sera au rendez-vous et que tous les détails gore (qui contribuent pourtant largement à l’identité visuelle de Berserk, quoi, j’veux dire !), le sexe, la nudité, et les scènes choquantes seront soit carrément enlevés, soit édulcorés au point de devenir méconnaissables.
La raison majeure d’une telle censure serait le problème de l’audience et de la diffusion à la télévision. En effet une série TV sera forcément censurée, au moins un peu. D’où ma sérieuse inquiétude sur le contenu d’une telle série, qui serait incapable de satisfaire les fans (et, en tout cas, de me satisfaire), et ne servirait (comme la précédente) que de pâle vitrine ou d’introduction au manga d’origine.
L’idéal serait une série qui ne soit pas diffusée à la télé, mais sorte directement en DVD. On peut toujours rêver. L’idée de films ne m’enchante que moyennement, parce que, même s’il y en a plusieurs, couvrir tout un cycle ou même un arc en moins de 2h, ça ne me paraît guère tenable. Bref, maintenant, il n’y a plus qu’à attendre de nouvelles infos !

A suivre…




jeudi 28 octobre 2010

La Horde du Contrevent

Catégorie : roman
Genre : SF
Auteur : Alain Damasio
Edition : Gallimard, Coll. folio SF
Année d'édition: 2004


Résumé de quatrième de couverture :

"Un groupe d'élite, formé dès l'enfance à faire face, part des confins d'une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l'origine du vent.
Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d'un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou. Expérience de lecture unique, La Horde du Contrevent est un livre-univers qui fond d'un même feu l'aventure et la poésie des parcours, le combat nu et la quête d'un sens profond du vivant qui unirait le mouvement et le lien.
Chaque mot résonne, claque, fuse : Alain Damasio joue de sa plume comme d'un pinceau, d'une caméra ou d'une arme... Chef-d'œuvre porté par un bouche-à-oreille rare, le roman a été logiquement récompensé par le Grand Prix de l'Imaginaire."


Mon avis :

La quatrième de couverture ne ment pas : un livre-univers, voilà exactement le terme qui qualifie le mieux ce roman ! Dès les premières pages, le ton est donné : pagination à rebours, jeux avec la ponctuation, la disposition des mots, les espacements… Les signes, les caractères se font paysages, partitions, personnages. La forme fusionne avec le fond, et on est aspiré dans l’histoire, scotché à ce personnage unique à 23 voix : la 34e Horde ; on est pris dans le flux sans trêve des vents dont on croit sentir le souffle contre son visage et le sifflement dans ses oreilles, parti pour un voyage vers l’inconnu, envers et contre des forces contraires déchaînées.
Truffée de néologismes pour décrire la réalité de ce monde gouverné par les vents, l’écriture funambule oscille entre science-fiction et poésie pure. Elle est assez exigeante avec le lecteur, qui doit souvent faire des allers-retours (surtout au début) pour s’y retrouver entre les personnages, certains passages sont obscurs, certains éléments et concepts ne sont explicités que tardivement… Mais en fin de compte ce n’est pas gênant car ces flous passagers font travailler l’imagination !
Bref, globalement, je ressors de cette lecture plus que satisfaite, et je la recommande chaudement !

Pour vous donner un avant-goût de cet univers, voici un lien vers le site officiel, où vous trouverez, entre autres, une bande-annonce, des illustrations et des musiques inspirées du roman: 

lundi 25 octobre 2010

Berserk

Catégorie : manga seinen
Genre : fantasy
Auteur : Kentaro Miura
Editeur français : Glénat
Dates de publication au Japon : 1989-….


Pour ma participation au Challenge Manga, je me suis engagée à lire 10 manga, dont Berserk. Voici donc ma chronique de lecture pas objective du tout (puisque, au cas où ce détail serait encore passé inaperçu, je suis une inconditionnelle absolue de ce manga).

Plutôt réservé aux adultes à cause de sa violence et sa crudité, ce seinen de fantasy a débuté en 1989 et est toujours en cours de publication (à un rythme assez lent et irrégulier, au grand dam de certains).
L’histoire est plutôt difficile à résumer, et je m’en voudrais de déflorer la série pour ceux qui ne connaissent pas et souhaitent la découvrir, alors je m’efforcerai de ne pas trop entrer dans les détails.

Point de départ de l’histoire :
Dans un univers médiéval fantastique, Guts, qui se fait appeler « le guerrier noir », cherche à assouvir sa soif de vengeance contre les cinq God Hand et leurs apôtres, des démons mangeurs d'homme. Il porte un étrange stigmate dans le cou, la "marque du sacrifice", il est borgne, une prothèse métallique remplace son bras gauche, et il porte dans son dos une épée démesurée. Sans vraiment le vouloir, il sauve la vie d'un elfe, Puck (qui ressemble plus à la fée Clochette qu'à Legolas). Celui-ci décide de le suivre pour rembourser sa dette. Il ne tarde pas à découvrir que Guts est un être maudit, poursuivi sans répit par les mauvais esprits et les démons. Malgré la personnalité peu avenante de Guts et son goût prononcé pour le carnage, Puck continue de le suivre dans sa quête, en lui offrant sa sympathie non désirée, et aussi sa précieuse "poudre d'elfe", remède magique très efficace.


Mon avis :
Ô surprise, j’adooore ! Mais essayons tout de même d’analyser un minimum les raisons qui me font hurler sur les toits que mon manga préféré est un chef-d’œuvre.
Quelles sont les principales qualités de Berserk ?

L’histoire :
Les talents de narrateur de Kentaro Miura sont indéniables. Dès le premier tome il arrive à installer un climat sombre, malsain et mystérieux. Le personnage de Guts est assez déstabilisant pendant les trois premiers tomes, habité par une rage dont on ne connaît pas encore la cause, et qui rend difficile d’éprouver de l’empathie pour lui dans un premier temps. Mais ce dévoilement progressif et « externe » du personnage suscite de la part du lecteur une vive fascination, renforcée par la présence de Puck qui, parce qu’il découvre Guts en même temps que nous et éprouve à son égard la même curiosité, se fait un peu le héraut du lecteur et fait « effet boule de neige ». Mais après une longue introduction de deux tomes et demi, la narration prend un tour des plus inattendus,  le lecteur prend une première claque retentissante, et se retrouve complètement happé par une histoire passionnante qui prend littéralement aux tripes (passez-moi l’expression). Berserk, c’est une histoire dense, complexe, et pas (comme il m’arrive de le lire) une simple bastonnade gore et joyeusement bourrine (ce qui n’empêche pas la violence, physique autant que morale, et les combats, d’être des éléments irréductibles, et même nécessaires, de Berserk). Les thèmes abordés sont vastes et fondamentaux, rien n’est gratuit, le ton n’a rien de manichéen. Ceux qui aiment les histoires solides auraient tort de se priver de celle-ci ! Mais il est vrai que pour supporter certains passages il faut avoir le cœur bien accroché.

Les personnages :
Guts est le personnage principal. Guerrier redoutable, enragé, animé par des sentiments destructeurs et autodestructeurs, il revêt de nombreuses facettes qui font de lui un personnage non seulement fascinant, mais aussi incroyablement attachant, car si au début le point de vue est externe, dès le troisième tome le lecteur entre en empathie totale avec Guts, et subit avec lui des chocs émotionnels violents. Ce phénomène, voulu (et même revendiqué) par l’auteur, crée chez le lecteur un investissement émotionnel intense et profond, et l’empêche d’avoir une lecture « passive » du manga.
Puck, sa fidèle « mascotte », est aussi un personnage très important. C’est un personnage « chibi » qui a, selon les périodes, différents rôles vis-à-vis de Guts, d’autres personnages, et du lecteur. Globalement, c’est un personnage éminemment positif, qui s’efforce au début d’apprivoiser sa grande brute de compagnon, et surtout de le maintenir à peu près sain de corps et d’esprit. Personnage comique, transformiste et aux interactions savoureuses avec les autres personnages, ses interventions rafraîchissantes servent aussi à alléger une atmosphère qui, sans lui, tomberait facilement dans une noirceur peu digeste.

Et je ne peux pas aborder la question des personnages sans parler, au moins un petit peu, de Griffith, Casca et la Troupe du Faucon :

Griffith, personnage qui a un très fort impact sur la destinée de Guts, est le leader d’une troupe de mercenaires, la Troupe du Faucon. Il est, physiquement et moralement, l’opposé parfait de Guts : séducteur, très charismatique, d’une beauté androgyne et solaire, il a de longs cheveux blanc-argentés et des yeux d’un bleu profond, dont l’expression est capable d’inspirer aussi bien une admiration et une fascination sans borne chez ses hommes, que l’effroi et la terreur chez ses ennemis. Calculateur, froid, ambivalent, et motivé par un rêve d’ambition dévorant, il développera avec Guts une relation ambiguë d’amitié, de rivalité… et d’autres choses. Il possède un objet étrange, la Beherit, surnommée « l’œuf du conquérant », dont on dit que son propriétaire est destiné à conquérir le monde « par sa chair et son sang ». Guts finira par comprendre, à ses dépens, la nature véritable de cet objet mystérieux.
Casca est commandante au sein de la Troupe du Faucon. Seule femme de l’armée, elle est aussi la plus forte derrière Griffith et Guts. Refoulant sa féminité pour embrasser plus pleinement sa vie de guerrière, elle est d’une nature fière et possède un très grand sens de l’honneur. L’adoration sans limites qu’elle voue à Griffith (et dont on finira par apprendre la cause) n’a d’égale que la haine et la jalousie qu’elle éprouve envers Guts. Mais certains événements les incitent à mieux se connaître, et les sentiments de Casca à l’égard de Guts changent progressivement. Elle deviendra, durablement, une personne d’une importance cruciale pour lui.
Alors que Guts est un personnage plutôt introverti, inhibé sur le plan affectif, et très solitaire, la Troupe du Faucon devient pour lui une véritable famille d’adoption. Les années qu’il aura passées en son sein représenteront la période la plus heureuse de sa vie.

Il y a de nombreux autres personnages qui mériteraient d’être évoqués, mais vu la tartine que j’ai déjà étalée sur seulement quatre d’entre eux, je pense que je vais m’arrêter là. Tout cela pour dire que les personnages de Berserk comptent parmi les plus fouillés, les plus riches, les plus complexes, et aussi les plus attachants (du moins la plupart) que j’aie rencontrés dans une fiction, tous supports confondus.

Les dessins :
Kentaro Miura est un obsédé du détail, et cela frappe, avant tout, dans ses dessins. Cadrages cinématographiques, mise en scène spectaculaire, expressivité soignée des personnages, comptent aussi parmi les qualités graphiques les plus saillantes. A cela s’ajoute, à mesure qu’on avance dans les tomes, un coup de crayon virtuose et inspiré, qui touche au sublime. L’ensemble de ces caractéristiques donne un univers visuel particulièrement riche et crédible, car grâce à des détails qui, à première vue, peuvent paraître insignifiants (et auxquels on prête d’ailleurs rarement attention à la première lecture), Miura donne une épaisseur, une consistance, une réalité à son univers, qui devient presque palpable pour le lecteur. Très documentés, et riches de multiples références, les dessins de Berserk sont d’une qualité rarement atteinte dans une BD, et justifient à eux seuls la lenteur de parution de l’œuvre, par le soin méticuleux que l’auteur leur apporte. Je pourrais passer des minutes entières à contempler certaines de ces planches (ah, mais, attendez, je le fais effectivement !^^), tant elles sont belles ! Les dessins de Berserk hissent le manga au rang d’œuvre d’art à part entière, tant ils contribuent à l’histoire par leur puissance, leur force évocatrice, et leur poésie intrinsèque. Miura ne raconte pas qu’avec des mots, il transmet beaucoup grâce aux images, qui sont un vecteur émotionnel primordial, plus direct et plus puissant que de longs discours.


Pour conclure :
Berserk est définitivement un manga à lire, et à relire sans modération, car à chaque nouvelle lecture on découvre de nouveaux aspects, des détails qui nous avaient échappés… Bref c’est une expérience unique, intense, magique. Depuis plusieurs années que j’ai commencé à lire cette série, mon intérêt et mon enthousiasme n’ont fait que croître pour ce manga qui, alors qu’il est encore loin d’être achevé, est déjà, depuis longtemps, un chef-d’œuvre absolu. N’ayez pas peur de vous lancer, vous avez peu de chances de le regretter !

samedi 23 octobre 2010

Challenge Manga

Dans le cadre de mes activités livraddictiennes, j'ai décidé de m'inscrire au Challenge Manga proposé par Setsuka:

"Après le Challenge Milady, j'ai l'honneur de vous annoncer l'ouverture de mon deuxième challenge : le Challenge Manga !

Le principe est simple : il faut lire des mangas ! Ca peut sembler simple, mais voilà, j'ai instauré trois défis dans ce challenge, que vous devez relever.
Vous pouvez participer à un seul défi, en faire deux ou les trois !
Voici donc en quoi ça consiste :

*Défi Libre => Vous lisez n'importe quel genre de mangas (shojo, shonen, horreur, fantastique, etc, et même des mangas érotiques si ça vous chante !), mais vous en devez en lire cinq maximum.
A noter que vous lisez plus d'un volume d'une même série, il ne comptera que pour un seul billet !
Un exemple : si vous lisez les 5 premiers tomes de "Sailor Moon" et que vous rédigez un billet, il ne comptera que pour une seule série !!!

*Défi "Les 100 séries indispensables" => Il existe un ouvrage "Le Guide des mangas, les 100 séries indispensables" (j'ignore s'il est encore à la vente à l'heure actuelle). Dans ce livre, les auteurs proposent 100 mangas à avoir dans sa bibliothèque. Le principe de ce défi : parmi les 100 ouvrages proposés, vous vous engagez à lire un certain nombre que vous déciderez de lire ! Ainsi, si vous choisissez de lire 20 mangas, vous devrez mettre vos 20 billets sur votre blog...

*Défi Mangas VS Animés => Ici, vous devez lire aussi 5 mangas, au maximum, mais aussi réaliser un billet comparatif entre la version papier et l'adaptation animée !. Le genre est libre, également.

Ce challenge sera sans limite de temps ! Donc, s'il y a des intéressés, n'hésitez pas à vous inscrire !
Et aussi un grand merci à Miss Spooky Muffin pour le logo !"

Et voici la liste des 100 manga concernés:

*Card Captor Sakura de CLAMP
*Fushigi Yugi de Yuu Watase
*Sailor Moon de Naoko Takeuchi
*Elle et lui de Masami Tsuda
*Fruits Basket deNatsuki Takaya
*Gokinjo, une vie de quartier d' Ai Yazawa
*Hana Dori Yango de Yoko Kamio
*Please Save my Earth - Réincarnations de Saki Hiwatari
*La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda
*Banana Fish de Akimi Yoshida
*Déclic amoureux de Mai Okazaki
*Hot Gimmick de Miki Aihara
*Mars de Fuyumi Soryo
*Nana d'Ai Yazawa
*Peach Girl de Miwa Ueda
*Subaru, dans vers les étoiles de Masahito Soda
*Tokyo Babylon de CLAMP
*Vitamine de Keiko Suenobu
*X Day de Setona Mizushiro
*Manga Science de Yoshitoh Asari
*Dragon Ball d'Akira Toriyama
*L'école emportée de Kazuo Umezu
*One Piece de Eiichiro Oda
*Les Chevaliers du Zodiaque de Masami Kurumada
*Black Jack d'Osamu Tezuka
*Bleach de Tite Kubo
*Détective Conan de Gosho Aoyama
*Fullmetal Alchemist de Hiromu Arakawa
*Gen d'Hiroshima de Keiji Nakazawa
*Hikaru no Go de Yumi Hotta, Takeshi Obata et Yukari Umezawa
*Huntex X Hunter de Yoshihiro Togashi
*Karacuri Circus de Kazuhiro Fujita
*Naruto de Masashi Kishimoto
*Yakitate !! Ja-pan, un pain c'est tout de Takashi Hashiguchi
*Akira de Katsushiro Ôtomo
*Azumanga Daioh de Kiyohiko Azuma
*Beck de Harold Sakuishi
*Blame ! de Tsutomu Nihei
*City Hunter de Tsukasa Hojo
*Dragon Head de Minetarô Mochizuki
*GTO de Tôru Fujisawa
*Gunnm de Yukito Kishiro
*Inu Yasha de Rumiko Takahashi
*Katsu ! de Mitsuru Adachi
*Niji-Iro Tohgarashi de Mitsuru Adachi
*Ping Pong de Taiyou Matsumoto
*Slam Dunk de Takehiko Inoue
*Video Girl Aï de Masakazu Katsura
*Au temps de Botchan de Natsuo Sekikawa et Jirô Taniguchi
*Ayako d'Osamu Tezuka
*Berserk de Kentarô Miura
*Blue de Kiriko Nananan
*Body & Soul de Erica Sakurazawa et Takumi Terakado
*Coq de combat de Izo Hashimoto et Akio Tanaka
*Dômu - Rêves d'enfants de Katsuhiro Ôtomo
*Eagle de Kaiji Kawaguchi
*Eden de Hiroki Endo
*Ghost in the Shell de Masamune Shirow
*Gogo Monster de Taiyou Matsumoto
*Gunsmith Cats de Ken'ichi Sonoda
*Happy Mania de Moyoco Anno
*L'histoire des 3 Adolf d'Osamu Tezuka
*Homunculus de Hideo Yamamoto
*Ikkyû de Hisashi Sakaguchi
*Imbéciles heureux ! de Eishô Shaku
*Indigo Blue de Ebine Yamaji
*Initiation de Haruko Kashiwagi
*Jeux d'enfant de Q-ta Minami
*Jinbé de Mitsuru Adachi
*Ki-Itchi !! de Hideki Arai
*Kimi Wa Pet - Au pied chéri ! de Yayoi Ogawa
*Kinderbook de Kan Takahama
*Maison Ikkoku de Rumiko Takahashi
*Monster de Naoki Urasawa
*MPD-Psycho de Sho-u Tajima et Eiji Ôtsuka
*Nausicaä de la vallée du vent de Hayao Miyazaki
*Parasite de Hitoshi Iwaaki
*Phénix, l'oiseau de feu d'Osamu Tezuka
*Piece of cake de George Asakura
*Planètes de Makoto Yukimura
*Quartier Lointain de Jirô Taniguchi
*Satsuma, l'honneur de ses samouraïs de Hiroshi Hirata
*Say hello to Black Jack de Syuho Sato
*Shin-Chan de Yoshito Usui
*Le Sommet des Dieux de Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura
*Spirale de Junji Ito
*Stairway to Heaven de Makoto Kobayashi
*Stratège de Hideki Mori, Kenichi Sakemi et Sentaro Kubota
*20th Century Boys de Naoki Urasawa
*Vagabond de Takehiko Inoue
*Zipang de Kaiji Kawaguchi
*Cornigule de Takashi Kurihara
*Coups d'éclat de Yoshihiro Tatsumi
*Dans la prison de Kazuichi Hanawa
*L'homme sans talent de Yoshiharu Tsuge
*Le Livre Jaune de Fumiko Takano
*La jeune fille aux camélias de Suehiro Maruo
*Panorama de l'enfer de Hideshi Hino
*Hanashippanashi (Patati Patata) de Daisuke Igarashi
*Un été andalou et autres aubergines de Iô Kuroda

Une fois remise du constat de mon inculture abyssale, je me suis décidée pour le Défi "Les 100 séries indispensables", pour lequel j'ai choisi les titres suivants:

*Berserk de Kentarô Miura (forcément!!!)
*Bleach de Tite Kubo
*Fullmetal Alchemist de Hiromu Arakawa
*Akira de Katsushiro Ôtomo
*L'histoire des 3 Adolf d'Osamu Tezuka
*Vagabond de Takehiko Inoue
*Black Jack d'Osamu Tezuka
*Say hello to Black Jack de Syuho Sato
*GTO de Tôru Fujisawa
*Gunnm de Yukito Kishiro 


Je ne sais pas encore quand je vais m'y mettre, ni combien de temps ça va me prendre, mais comme il n'y a pas de limitation dans le temps, ça n'a aucune espèce d'importance!

jeudi 21 octobre 2010

L'image berserkienne du jour

Oyez! Oyez!
L'épisode 316 de Berserk est arrivé! Et quel épisode...
Et parce qu'une sortie berserkienne est toujours un événement pour les obsédés comme moi, voici une petite mise en bouche pour fêter ça dignement (cliquez sur l'image pour l'agrandir):


Il y aurait beaucoup de choses à dire sur cet épisode très riche et très excitant... Mais je tiendrai bon, et je ne spoilerai pas!