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lundi 25 octobre 2010

Berserk

Catégorie : manga seinen
Genre : fantasy
Auteur : Kentaro Miura
Editeur français : Glénat
Dates de publication au Japon : 1989-….


Pour ma participation au Challenge Manga, je me suis engagée à lire 10 manga, dont Berserk. Voici donc ma chronique de lecture pas objective du tout (puisque, au cas où ce détail serait encore passé inaperçu, je suis une inconditionnelle absolue de ce manga).

Plutôt réservé aux adultes à cause de sa violence et sa crudité, ce seinen de fantasy a débuté en 1989 et est toujours en cours de publication (à un rythme assez lent et irrégulier, au grand dam de certains).
L’histoire est plutôt difficile à résumer, et je m’en voudrais de déflorer la série pour ceux qui ne connaissent pas et souhaitent la découvrir, alors je m’efforcerai de ne pas trop entrer dans les détails.

Point de départ de l’histoire :
Dans un univers médiéval fantastique, Guts, qui se fait appeler « le guerrier noir », cherche à assouvir sa soif de vengeance contre les cinq God Hand et leurs apôtres, des démons mangeurs d'homme. Il porte un étrange stigmate dans le cou, la "marque du sacrifice", il est borgne, une prothèse métallique remplace son bras gauche, et il porte dans son dos une épée démesurée. Sans vraiment le vouloir, il sauve la vie d'un elfe, Puck (qui ressemble plus à la fée Clochette qu'à Legolas). Celui-ci décide de le suivre pour rembourser sa dette. Il ne tarde pas à découvrir que Guts est un être maudit, poursuivi sans répit par les mauvais esprits et les démons. Malgré la personnalité peu avenante de Guts et son goût prononcé pour le carnage, Puck continue de le suivre dans sa quête, en lui offrant sa sympathie non désirée, et aussi sa précieuse "poudre d'elfe", remède magique très efficace.


Mon avis :
Ô surprise, j’adooore ! Mais essayons tout de même d’analyser un minimum les raisons qui me font hurler sur les toits que mon manga préféré est un chef-d’œuvre.
Quelles sont les principales qualités de Berserk ?

L’histoire :
Les talents de narrateur de Kentaro Miura sont indéniables. Dès le premier tome il arrive à installer un climat sombre, malsain et mystérieux. Le personnage de Guts est assez déstabilisant pendant les trois premiers tomes, habité par une rage dont on ne connaît pas encore la cause, et qui rend difficile d’éprouver de l’empathie pour lui dans un premier temps. Mais ce dévoilement progressif et « externe » du personnage suscite de la part du lecteur une vive fascination, renforcée par la présence de Puck qui, parce qu’il découvre Guts en même temps que nous et éprouve à son égard la même curiosité, se fait un peu le héraut du lecteur et fait « effet boule de neige ». Mais après une longue introduction de deux tomes et demi, la narration prend un tour des plus inattendus,  le lecteur prend une première claque retentissante, et se retrouve complètement happé par une histoire passionnante qui prend littéralement aux tripes (passez-moi l’expression). Berserk, c’est une histoire dense, complexe, et pas (comme il m’arrive de le lire) une simple bastonnade gore et joyeusement bourrine (ce qui n’empêche pas la violence, physique autant que morale, et les combats, d’être des éléments irréductibles, et même nécessaires, de Berserk). Les thèmes abordés sont vastes et fondamentaux, rien n’est gratuit, le ton n’a rien de manichéen. Ceux qui aiment les histoires solides auraient tort de se priver de celle-ci ! Mais il est vrai que pour supporter certains passages il faut avoir le cœur bien accroché.

Les personnages :
Guts est le personnage principal. Guerrier redoutable, enragé, animé par des sentiments destructeurs et autodestructeurs, il revêt de nombreuses facettes qui font de lui un personnage non seulement fascinant, mais aussi incroyablement attachant, car si au début le point de vue est externe, dès le troisième tome le lecteur entre en empathie totale avec Guts, et subit avec lui des chocs émotionnels violents. Ce phénomène, voulu (et même revendiqué) par l’auteur, crée chez le lecteur un investissement émotionnel intense et profond, et l’empêche d’avoir une lecture « passive » du manga.
Puck, sa fidèle « mascotte », est aussi un personnage très important. C’est un personnage « chibi » qui a, selon les périodes, différents rôles vis-à-vis de Guts, d’autres personnages, et du lecteur. Globalement, c’est un personnage éminemment positif, qui s’efforce au début d’apprivoiser sa grande brute de compagnon, et surtout de le maintenir à peu près sain de corps et d’esprit. Personnage comique, transformiste et aux interactions savoureuses avec les autres personnages, ses interventions rafraîchissantes servent aussi à alléger une atmosphère qui, sans lui, tomberait facilement dans une noirceur peu digeste.

Et je ne peux pas aborder la question des personnages sans parler, au moins un petit peu, de Griffith, Casca et la Troupe du Faucon :

Griffith, personnage qui a un très fort impact sur la destinée de Guts, est le leader d’une troupe de mercenaires, la Troupe du Faucon. Il est, physiquement et moralement, l’opposé parfait de Guts : séducteur, très charismatique, d’une beauté androgyne et solaire, il a de longs cheveux blanc-argentés et des yeux d’un bleu profond, dont l’expression est capable d’inspirer aussi bien une admiration et une fascination sans borne chez ses hommes, que l’effroi et la terreur chez ses ennemis. Calculateur, froid, ambivalent, et motivé par un rêve d’ambition dévorant, il développera avec Guts une relation ambiguë d’amitié, de rivalité… et d’autres choses. Il possède un objet étrange, la Beherit, surnommée « l’œuf du conquérant », dont on dit que son propriétaire est destiné à conquérir le monde « par sa chair et son sang ». Guts finira par comprendre, à ses dépens, la nature véritable de cet objet mystérieux.
Casca est commandante au sein de la Troupe du Faucon. Seule femme de l’armée, elle est aussi la plus forte derrière Griffith et Guts. Refoulant sa féminité pour embrasser plus pleinement sa vie de guerrière, elle est d’une nature fière et possède un très grand sens de l’honneur. L’adoration sans limites qu’elle voue à Griffith (et dont on finira par apprendre la cause) n’a d’égale que la haine et la jalousie qu’elle éprouve envers Guts. Mais certains événements les incitent à mieux se connaître, et les sentiments de Casca à l’égard de Guts changent progressivement. Elle deviendra, durablement, une personne d’une importance cruciale pour lui.
Alors que Guts est un personnage plutôt introverti, inhibé sur le plan affectif, et très solitaire, la Troupe du Faucon devient pour lui une véritable famille d’adoption. Les années qu’il aura passées en son sein représenteront la période la plus heureuse de sa vie.

Il y a de nombreux autres personnages qui mériteraient d’être évoqués, mais vu la tartine que j’ai déjà étalée sur seulement quatre d’entre eux, je pense que je vais m’arrêter là. Tout cela pour dire que les personnages de Berserk comptent parmi les plus fouillés, les plus riches, les plus complexes, et aussi les plus attachants (du moins la plupart) que j’aie rencontrés dans une fiction, tous supports confondus.

Les dessins :
Kentaro Miura est un obsédé du détail, et cela frappe, avant tout, dans ses dessins. Cadrages cinématographiques, mise en scène spectaculaire, expressivité soignée des personnages, comptent aussi parmi les qualités graphiques les plus saillantes. A cela s’ajoute, à mesure qu’on avance dans les tomes, un coup de crayon virtuose et inspiré, qui touche au sublime. L’ensemble de ces caractéristiques donne un univers visuel particulièrement riche et crédible, car grâce à des détails qui, à première vue, peuvent paraître insignifiants (et auxquels on prête d’ailleurs rarement attention à la première lecture), Miura donne une épaisseur, une consistance, une réalité à son univers, qui devient presque palpable pour le lecteur. Très documentés, et riches de multiples références, les dessins de Berserk sont d’une qualité rarement atteinte dans une BD, et justifient à eux seuls la lenteur de parution de l’œuvre, par le soin méticuleux que l’auteur leur apporte. Je pourrais passer des minutes entières à contempler certaines de ces planches (ah, mais, attendez, je le fais effectivement !^^), tant elles sont belles ! Les dessins de Berserk hissent le manga au rang d’œuvre d’art à part entière, tant ils contribuent à l’histoire par leur puissance, leur force évocatrice, et leur poésie intrinsèque. Miura ne raconte pas qu’avec des mots, il transmet beaucoup grâce aux images, qui sont un vecteur émotionnel primordial, plus direct et plus puissant que de longs discours.


Pour conclure :
Berserk est définitivement un manga à lire, et à relire sans modération, car à chaque nouvelle lecture on découvre de nouveaux aspects, des détails qui nous avaient échappés… Bref c’est une expérience unique, intense, magique. Depuis plusieurs années que j’ai commencé à lire cette série, mon intérêt et mon enthousiasme n’ont fait que croître pour ce manga qui, alors qu’il est encore loin d’être achevé, est déjà, depuis longtemps, un chef-d’œuvre absolu. N’ayez pas peur de vous lancer, vous avez peu de chances de le regretter !

10 commentaires:

  1. Voilà un avis qui se présente très bien !
    Merci pour ta contribution au challenge, ça me fait un manga de plus à découvrir^^ !

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  2. Ah, on peut dire que tu sais bien vendre ton produit, parce qu'avec ta chronique j'ai bien envie d'y jeter un œil alors que les trailers vidéos du manga me laissent complètement de marbre. Que faire ? :D
    Si j'ai l'occasion de le feuilleter quelque part, j'essaierai sans faute.

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  3. Haha, merci Miss Spooky Muffin!^^
    Je suis curieuse: les trailers que tu as vus, c'était de l'anime ou du manga? Parce que l'anime ne rend pas vraiment justice à la version papier. En tout cas c'est sûr, si tu as l'occasion, il faut l'essayer! Après, c'est vrai que le début n'est pas convaincant pour tout le monde. Personnellement, à la première lecture je n'ai vraiment accroché qu'à partir du 3e tome. Il faut persévérer un peu, quoi^^.

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  4. C'était des trailers du manga (tu sais, ils font une sorte de slideshow des pages, mais je pense que celui qui l'a fait était un peu trop fan des scènes gores), mais bon ça ne veut rien dire...
    Et si je commençais par le tome 3 plutôt ? ^^

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  5. Ah non, surtout pas!!! Ô sacrilège!!! XD
    Les premiers tomes ont leur importance, quand-même, ce serait dommage de ne pas les lire...

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  6. Depuis le temps que je te vois vanter ce produit... faudrait quand même que je me lance ! Allez, c'est noté !

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  7. Hi hi, ça me ferait plaisir d'arriver à faire une convertie de plus!

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  8. Qu'est-ce que j'attends ???
    Bon, dès que je vais chez mes amis, je leur emprunte les premiers Bersek, à moins qu'à mon inscription à la bibliothèque, je les trouve. je reviendrais te donner mon avis à cette occasion en espérant revenir assez vite (j'imagine le post 1 an après ^^')

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  9. Ah, je suis contente de t'avoir donné envie!!! J'ai hâte d'avoir ton avis!:D

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