Un an. C’est grosso modo le temps qu’il m’aura fallu pour
venir à bout de ce tome. Un record.
Il y a plusieurs explications : c’est une période de ma
vie où j’étais trop (pré)occupée par une tonne d’autres choses que mes lectures,
et où il se passait facilement plusieurs mois sans que je lise une ligne. J’ai
acheté le livre en anglais, et mon rythme de lecture en français n’est déjà pas
exceptionnel. Le volume est gros, lourd, je ne pouvais pas le transporter avec
moi dans mon sac déjà lourd où je trimballe à peu près toute ma vie, ce qui
fait que je ne pouvais pas le lire quand j’en avais vraiment le temps ou l’occasion
(principalement pendant mes trajets en bus et métro) et le livre restait sur ma
table de chevet en permanence.
Mais j’aurais peut-être trouvé plus de temps pour ADWD si
ses pages m’avaient passionnée. Ce tome était long. Exaspérant. J’ai mis un an à le lire, car je savais qu’à
chaque fois que je me lançais dans un chapitre, je devrais affronter des pages
et des pages de détails superflus, de personnages interchangeables dont on ne
se rappelle jamais qui est qui, qui fait quoi, qui a trahi qui et couché avec
machine et tué untel et peut-être comploté avec bidule (en plus quand on passe
de la vf à la vo, certains noms changent, ça n’aide pas).
Ça ne veut pas dire que ce tome était mauvais ou
complètement inintéressant. Mais je n’ai jamais réussi à rentrer dedans, et
pendant un moment j’ai bien cru que je n’arriverais jamais au bout.
Mais finalement j’ai réussi (ouf !), et, bien que pas
très enthousiasmée par ma lecture, en voici mon compte-rendu.
Les narrateurs dans ce tome :
Tyrion ; Daenerys ; Jon Snow ; Bran ; Quentyn
Martell, prince de Dorne ; Davos ; Theon Greyjoy ; Griff (Jon
Connington) ; Asha Greyjoy ; Melisandre ; Areo Hotah (Dorne) ;
Arya ; Jaime ; Cersei ; Barristan Selmy ; Victarion Greyjoy ;
Kevan Lannister.
Donc, 17 narrateurs en tout pour un seul tome. Rien d’étonnant
à ce qu’il y ait un sérieux problème de rythme : plein d’arcs différents,
narrés du point de vue de personnages plus ou moins insipides (Quentyn, Davos,
Griff, Hotah, Selmy, Kevan), des histoires qui font du surplace (Jon) et mettent
trois plombes à décoller (Daenerys)…
En plus certains personnages étaient particulièrement
agaçants dans ce tome : à chaque fois que Tyrion pense à son père ou
Tysha, à chaque fois que Jon Snow mentionne Ygritte, et à chaque fois que
Daenerys rêve à son vaillant capitaine, j’ai eu sérieusement envie de les
baffer. Arya et Bran ont échappé à ce syndrome, mais en contrepartie on ne les
voit pas beaucoup (et pas assez à mon goût. Surtout Arya). Théon et Cercei
arrivent à devenir les deux personnages les plus intéressants et même les plus
sympathiques de ADWD.
Métaphoriquement (ou littéralement), les personnages
principaux de ce tome dansent tous avec des dragons : Jon, au Mur, doit
jongler entre les exigences de la reine Selyse, les manipulations de Mélisandre,
et certains membres de la garde de nuit qui voient d’un mauvais œil ses
affinités avec les sauvageons, que Jon veut enrôler pour la défense du Mur.
Tyrion, en fuite, a sa tête mise à prix par Cercei ; la complicité de
Varys lui permet de rencontrer Illyrio, qui lui propose de rejoindre Daenerys à
l’autre bout du monde… Entre deux bitures et une contemplation du suicide, il
finit par accepter : il n’a rien de mieux à faire. Le périple sera long, semé
de rencontres improbables, et prendra un cours imprévu. Daenerys, ayant conquis
la ville de Meereen, est harcelée par les Fils de la Harpie et veut obtenir la
paix à tout prix. Dans cet objectif, elle en vient à faire d’énormes
concessions : l’esclavage est rétabli, et elle épouse un noble de Meereen.
En plus de cela, elle découvre que l’un de ses dragons, Drogon, a dévoré une
petite fille : elle réagit en faisant enchaîner Rhaegal et Viserion dans
les entrailles d’une pyramide, pendant que Drogon, hors de contrôle, hante la
mer dothraki. Théon Greyjoy, à Winterfell, a été capturé et torturé par Ramsay,
le bâtard psychotique et sadique de Roose Bolton. Ecorché vif (entre autres
joyeusetés), Théon a perdu la raison et est devenu sa créature. Mais alors que
Bolton veut se servir de lui pour organiser un mariage entre Ramsay et une
fausse Arya Stark, Théon commence à retrouver ses esprits, et il entrevoit une
chance de se retourner contre son bourreau. Cersei Lannister, emprisonnée par
le Haut Septon, doit mettre son orgueil de côté et payer un prix amer pour
retrouver une liberté relative.
Tous ces personnages (et quelques autres) dansent avec des
dragons : au sens littéral, danser avec les dragons signifie voler sur
leur dos, les soumettre à sa volonté en les dirigeant comme une monture. C’est
une danse extrêmement périlleuse, et il n’est pas donné à tout le monde de s’y
livrer avec succès. Malheureusement, l’échec signifie souvent la mort, la
douleur, et toujours de lourds sacrifices.
Dans ADWD, les personnages principaux sont en proie à des
déchirements internes, au doute, à la tentation, à l’hésitation : en
croyant faire leur devoir, ou en croyant agir honorablement, ou en se
complaisant dans le déni, ils s’éloignent des chemins qui étaient tracés devant
eux, perdent de vue leurs objectifs initiaux, perdent leur identité ou leur
intégrité. En voyant des ennemis partout, ils cèdent à la paranoïa, prennent
des décisions hâtives, se fourvoient dans des pièges ou s’enlisent dans des
situations inextricables. En se trompant d’alliés, ils se laissent manipuler,
se laissent séduire par des personnages dont les véritables intentions sont
inconnues ou douteuses. C’est le tome des erreurs, des errances, des remises en
question. Mais la remise en question n’est pas forcément une mauvaise chose :
c’est l’occasion de faire table rase, de retrouver une vision claire, nette,
pure, de se débarrasser de ce qu’on croyait essentiel (et qui ne l’était pas)
pour rebondir, obtenir une seconde chance, et, pour certains, se racheter.
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il ne se passe rien dans ADWD,
parce qu’il se passe quand même des choses. Mais c’est clairement un tome
centré sur l’introspection, sur le repli et le retour sur soi, sur le passé,
sur les regrets et les déceptions, sur les « et si j’avais pris telle
décision à tel moment, est-ce qu’on serait dans une merde pire ou moins pire à l’heure
actuelle ? », sur les « je ne suis pas à la place où je devrais être,
je ne suis pas fait pour ce que je suis en train de faire, mais je le fais
quand-même tout en sachant que ça va mal finir », sur les « oh et puis merde, si j’envoyais
tout balader ? » (euh, peut-être que je projette un peu ma vie
personnelle dans mon interprétation de ce livre. Un tout petit peu^^).
Bref, c’est un tome assez difficile pour le lecteur, lourd à
digérer, et je suis heureuse de l’avoir fini.
A part ça, la saison 2 de la série me plaît bien (8 épisodes
visionnés jusqu’ici) et je suis contente de ne plus avoir le tome 2 en tête dans ses moindres détails, ce
qui m’évite les comparaisons avec la version livresque et les inévitables
déceptions qui vont avec. J’écrirai peut-être un petit billet après avoir vu la
saison dans son intégralité !
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